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Touchez pas au grisbi

Jacques Becker -1953

Sc : Jacques Becker, Maurice Griffe, Albert Simonin d’après A. Simonin

Max et Riton, 2 truands amis de longue date, réussissent un « coup » de 50millions de lingots dérobés à Orly. Riton a l’imprudence de se confier à sa jeune maîtresse, Josy, qui s’empresse d’en informer Angelo, son plus récent protecteur. Angelo enlève Riton. Afin de libérer son complice, Max cède et paie la rançon exigée par Angelo, qui tente ensuite d’abattre Max. Un vrai combat s’en suit dans lequel Angelo périt carbonisé. Riton et Marco sont tués. Max reste seul…

Agréable surprise que cette adaptation de Simonin « ce qui m’intéresse d’abord, ce sont les personnages, beaucoup plus que l’histoire, par exemple, ou le milieu. » (Jacques Becker n°32 cahiers du cinéma). Becker travaille effectivement à l’inverse du film noir américain. Il refuse la chronique sociale qui brasse malfrats et honnêtes gens pour se contenter des portraits de quelques truands dans un « ghetto » du milieu, où les seuls bourgeois sont soient des véreux, soient des éléments muets du décor. Ses truands à lui apparaissent comme des petits commerçants d’un business qui possèdent ses propres lois, ses codes et son cadre. Ni juge ni flic pour déranger l’ordonnancement apparent des choses : les soubresauts proviennent du milieu lui-même. Becker filme cela avec un savoir-faire très discret. Peu d’esbroufe, peu de « bons mots » ou d’éclats spectaculaires. Il réussit à tirer de ce roman canaille un film « soft », presque aseptisé, d’une excellente tenue technique. Un modèle d’académisme serein. Aux antipodes des fulgurances du thriller américain comme des mollassonnes «gabineries » de Grangier ou de La Patellière. J.C.